France : Les mutations des systèmes productifs

France : Les mutations des systèmes productifs

La France est en crise. Une litanie de fermetures d’usines et un chômage qui n’a jamais baissé depuis les trois dernières décennies sont là pour nous le rappeler. Certains territoires apparaissent comme particulièrement affectés, à côté d’autres qui semblent mieux résister voire connaissent un essor. Cette situation nourrit une sinistrose très franco-française, qui masque la complexité des enjeux. Le pays est confronté à d’inéluctables mutations économiques, dans le contexte de l’intégration européenne croissante, de la mondialisation, et de la montée en puissance des préoccupations environnementales et des incertitudes énergétiques. Ces mutations ne sont-elles que subies, facteur de déclin et de désindustrialisation ? Ou portent-elles les ferments d’une transition économique, écologique, voire sociale ?

Dans le domaine de l’agriculture, de l’industrie, des services, la France dispose encore d’atouts. Elle demeure une puissance technologique et un pôle d’innovation. Quels outils sont mis en place pour garder son rang ? Quelle place dans ce chantier pour les entreprises, des PME aux multinationales, mais aussi pour l’État et les collectivités territoriales ? Cette étude de la France dans la diversité de ses territoires, par le biais des mutations des systèmes productifs, s’avère en définitive l’occasion d’un diagnostic plus général de la société française.

Outil précieux pour les étudiants préparant les concours de l’agrégation d’histoire, de géographie et le CAPES d’histoire-géographie, cet ouvrage intéressera également les étudiants en géographie-aménagement, et plus généralement en sciences humaines et sociales.

Philippe Dugot est agrégé de géographie et maître de conférences au département de géographie de l’université Toulouse - Jean Jaurès.
Guy Thuillier, ancien élève de l’ENS-Ulm, est agrégé de géographie et maître de conférences au département de géographie de l’université Toulouse - Jean Jaurès.
Les autres contributeurs à ce volume sont tous des enseignants chercheurs du département de géographie de Toulouse - Jean Jaurès.

CRITIQUE PERSONNEL :

Merci tout d’abord à Babelio et aux Presses Universitaires du Mirail de m’avoir permis de lire cet ouvrage géographique universitaire sur les systèmes productifs en France.
Après une préface de Robert Marconis qui dresse un rapide inventaire historique de l’enseignement de la géographie de la France dans les programmes scolaires et le constat que celui-ci est difficile justement à enseigner à cause de l’abondance de l’information disponible via les NTIC, Philippe Dugot traite dans son introduction des enjeux et des intérêts du sujet en lui-même. Il y définit notamment ce qu’est un système productif, les systèmes productifs et les mutations. Il dresse également le tableau conjoncturel et structurel de la France et de ses territoires. Et établit le rapport de cette France économique et sociale sclérosé, fracturé et morose insérée dans l’Europe et le reste du monde.
A travers vingt chapitres articulés en quatre parties, il est question d’analyser les mutations des systèmes productifs en France et ce à différentes échelles (nationale, territoriale, régionale, locale). Sans vouloir faire un résumé condensé des différents chapitres, nous pouvons dire de manière synthétique que cet ouvrage privilégie les systèmes productifs industriels, agricoles ou tertiaire en omettant d’y ajouter un système productif important dans le paysage, en l’occurrence la transformation territoriale liée à la santé. En effet, on ne peut évoquer les mutations de la France en négligeant l’aspect de la santé puisqu’il est un puissant levier d’essor ou de désertification territoriaux. Un article sur le sujet aurait été intéressant pour compléter le panorama descriptif des mutations des systèmes productifs. Qu’on en juge, puisque d’après le panorama de santé publié par l’OCDE, la France excelle en dépenses hospitalières, 2ème pays européen derrière la Grèce à consacrer une grand part du budget santé aux frais hospitaliers. Elle est également plutôt bien lotie, avec des dépenses de santé par personne atteignant 3 220 euros contre 2 193 en moyenne dans l’Europe des 28. Et fait partie des quatre pays plus gros consommateurs d’antibiotiques, juste derrière la Grèce, Chypre et la Belgique.
Les industries de santé sont un secteur riche, stratégique et qui permet aujourd’hui à la France d’être l’un des grands pays disposant d’un fort potentiel de développement. Les chiffres sont là pour le prouver : 900 entreprises, 211 000 emplois directs, 500 000 emplois associés et 65 milliards d'euros de chiffre d'affaires. La Datar - très souvent cité dans plusieurs articles de l’ouvrage - sous l’animation d’Emmanuel Vigneron met la géographie de la santé au centre de préoccupations politiques d’aménagement du territoire. Il existe énormément de travaux qui ont accompagnés le développement en France d’une planification régionale en santé avec les générations successives de SROS (Schémas régionaux d’organisation sanitaire). De plus, le tourisme médical est en plein essor et participe à la mutation territoriale mondiale du secteur.
Tout au long du livre on notera également le rôle prépondérant de l’Etat et des collectivités dans l’évolution des politiques industrielles, agricoles, environnementales…
Enfin, il est très dommageable pour un ouvrage qui se veut à destination des étudiants soit si pauvrement fournit en cartes, qui plus est de mauvaise facture (la sémiologie graphique de Jacques Bertin est-elle enseignée à Tououse?) et à la fin de l’ouvrage ce qui est loin d’être pratique pour la lecture.
Mais dans l'ensemble ça reste un bon ouvrage que chaque citoyen français devrait lire avant de se lancer dans le débat public notamment sur les réseaux sociaux.